9- La mode féminine et les perles en verre en France (XIXe-XXe siècle)
Autrice : Louise Bonvalet
Avec l’arrivée des fausses perles sur le marché, la mode féminine changea : les perles ressemblant aux vraies perles se vendaient à un prix plus accessible.
Au XIXe siècle, les techniques évoluèrent peu. On cherchait toujours à imiter l’imperfection des « vraies » perles. Au milieu du siècle, les perles sur les vêtements étaient réservées aux vêtements plus sophistiqués, mais, petit à petit, les perles furent intégrées aux vêtements plus quotidiens et plus populaires.
Les colliers et les parures commençaient alors au début du XXe siècle à faire leur arrivée petit à petit comme bijoux féminins, copiant ainsi la mode aristocratique des habits de soirée. Les aristocrates européennes combinaient en effet leurs robes avec des perles, parfois de manière très voyante. Dans le compte rendu d’une réception à Paris de l’ambassadeur de Grande-Bretagne, voici comment était décrite la comtesse Greffulhe : « un rang de perles d'une longueur incalculable, montant en arceau dans les cheveux, soutenu par un laiton invisible, et descendant en cascade dans le dos pour s'enrouler autour de la taille, après avoir fait deux fois le tour du cou » (L'Art et la Mode, 23 juin 1900)[1].
[1] Cité dans Elizabeth Fischer, « Bijou et mode, chassé croisé entre éternel et éphémère », Revue historique vaudoise, 123, 2015, p. 116.
L’explosion de la mode des perles (années 1920-1930)
Le début du XXe siècle marqua un tournant dans la mode des perles d’imitation. Leur attraction grandit très rapidement, pour imiter la haute couture notamment, en atteignant son apogée dans les années 1920 et 1930. Toutes les revues de mode féminine montraient alors des femmes portant non seulement de colliers en perles, d’imitation ou de couleurs, mais encore arborant des parures entières de perles.
Bien que la haute couture ait utilisé des « vraies » perles, certaines maisons utilisaient des perles en verre, s’inspirant parfois de perles de culture véritables, et laissant la fantaisie gagner une robe ou un accessoire, avec l’idée de faire briller les vêtements féminins. Dans L’Art et la mode du 17 juillet 1920, en commentant le dessin d’une robe faite avec des perles brodées, l’autrice de la rubrique, sous le pseudonyme de Frivoline, la décrivait de la sorte : « Toutes ces perles de nacre, s’irisant au soleil et prenant des tons exquis, c’est une trouvaille sur cette robe de toile blanche, coupée à la taille d’un large ruban de tricot vert. »[1]
De la même manière, dans Vogue du 1er octobre 1922, un article poétise « les perles de couleur et les paillettes [qui] scintillent sous les lumières comme le givre au soleil ».
Qu’il s’agisse de « vraies » perles de coquillage alors appelées perles de nacre ou de perles de couleurs principalement faites en verre, les Années folles sont une période faste pour le brillant.
Les parures et les colliers de perles ne sont plus réservées à la haute société. Des artistes se distinguent avec d’énormes parures de perles.
[1]L’Art et la mode : journal de la vie mondaine, 17 juillet 1920, p. 524.
Une des maisons principales de production de perles d’imitation en ce début de XXe siècle était la maison Rousselet à Paris, fréquentée par des célébrités telles que Mistinguett et Joséphine Baker.
Les années 1940 sont également caractérisées par un grand usage des perles en verre. Les vêtements mais aussi les accessoires comme les sacs, les chapeaux ou autres les plus en vogue sont confectionnés avec des perles en verre, dans toute la mode occidentale.
Le « retour de la féminité » dans la mode des années 1950 passa également par la perle sur les vêtements et les accessoires comme les sacs et les chapeaux.
Si les perles disparurent ensuite et devinrent le symbole d’un passé sophistiqué, elles reviennent aujourd’hui dans la bijouterie, pour les femmes mais aussi dans la mode masculine. A la mode des perles en verre reste attaché le nom de Coco Chanel, qui collabora d’ailleurs avec la maison Rousselet pour certaines de ses créations.
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