10- Une perleuse normande d’aujourd’hui : Emmanuelle Delaby

Autrice : Louise Bonvalet

Image 1 : perles en verres de la fabrication d’Emmanuelle Delaby, dans son atelier à Courseulles-sur-Mer. © Louise Bonvalet

C’est non loin d’Argences, à Courseulles-sur-Mer que nous retrouvons une fabricante de perles en verre dans son atelier Sillibulle : Emmanuelle Delaby. Elle fait partie de cette nouvelle génération de perleurs et perleuses installé·es dans la région et produisant différents types d’objets, dont certains à partir de perles en verre.

Image 2 : Emmanuelle Delaby dans son atelier en novembre 2023, fabriquant une perle à l’aide d’un chalumeau. Elle fait fondre l’extremité de sa canne de verre et l’enroule autour d’une tige en métal. © Louise Bonvalet

Emmanuelle Delaby ne souffle pas ses perles mais les produit au chalumeau, contrairement aux perleuses d’Argences un siècle auparavant. Comme nous l’explique l’artisane, la production au chalumeau permet dans un premier temps une production à domicile sans gros investissements. C’est une de ses amies qui lui a fait découvrir un jour l’art des perles au chalumeau, et dans un moment de changement dans sa vie, elle s’est lancée. N’ayant jamais produit de perles auparavant, Emmanuelle Delaby a appris le métier auprès de différentes professionnelles, d’abord pour se former de manière générale à l’art des perles au chalumeau, puis pour découvrir de nouvelles techniques. Elle a par exemple suivi une formation chez Michèle Sauvalle, co-autrice du livre Verre et flamme : Création de perles de verre paru en 2008 chez Eyrolles et membre de l’Association des Perliers d’Art de France.

Image 3 : couverture de l’ouvrage Verre et Flamme, manuel servant à l’explication des techniques pour créer ses propres perles en verre.

Ce sont donc des perles faites au chalumeau qu’elle produit. La technique, bien qu’ayant évolué avec le temps, reste la même : la flamme permet de chauffer le verre pour le modeler en forme de perle autour d’une tige en métal (appelée le mandrin) permettant de l’enrouler. L’intensité de la flamme peut être réglée en fonction du travail effectué : la flamme a différentes zones de chaleur, et c’est à l’artisane de savoir l’utiliser pour créer ses perles. Il faut éviter au verre les chocs thermiques et l’excès de chaleur. Les couleurs peuvent se superposer pour obtenir des motifs intérieurs ou en surface. Une fois la perle faite à souhait, elle est placée dans un four de recuisson à 480 degrés pour un cycle de 6-7 heures qui assurera sa solidité. Il s’agit donc d’un travail de précision et de patience. Peu de choses ont changé depuis des siècles, si ce n’est la technologie qui vient aider au processus de fabrication et améliorer les conditions de travail des artisan·es.

Image 4 et 5 : Formation de deux perles sur une tige métallique. Le filtre violet est utilisé pour pouvoir voir au mieux le verre bouillant, sans être gêné.e par la luminosité de la flamme. Ainsi, la perleuse peut mieux observer son travail. On peut voir en arrière plan les baguettes de différentes formes et couleurs servant à Emmanuelle Delaby à produire des perles de toutes les sortes © Louise Bonvalet

Pour produire ses perles, Emmanuelle Delaby se fournit en baguettes de verre, comme le font les artisans depuis des siècles. Elle apprécie celles de Murano, et spécialement de l’usine Moretti-Ercole, productrice incontournable. Mais elle utilise aussi des verres venant aussi d’autres pays : polonais, américain ou encore chinois. De cette manière, elle a à disposition une palette de couleurs permettant de varier ses productions.

Quant à ses inspirations, elles sont surtout florales. Ce qui plaît le plus à cette perleuse, c’est l’ « unicité de la perle », lui permettant ainsi de ne jamais reproduire à l’identitque ses œuvres. Même les colliers de perles sont uniques dans son atelier.

Image 6 : perles en verre produites par Emmanuelle Delaby dans son atelier. Les formes sont différentes, mais également les techniques, d’où la variété. © Louise Bonvalet

Emmanuelle Delaby n’est pas la seule artisane perlière du Calvados, ni de la Normandie en général : c’est une profession qui revient sur le devant de la scène. Ce sont surtout des femmes qui l’exercent, mais certains hommes sont présents dans ce métier.

9- La mode féminine et les perles en France (XIXe-XXe siècle) 10- Une perleuse normande d'aujourd'hui : Emmanuelle Delaby 11- Les Imparesse aujourd'hui